Saviez-vous que?
Il existe un petit village de montagne du nom de Kusköy, situé au nord-est de la Turquie, où l’on communique encore aujourd’hui avec un langage sifflé, selon une vieille tradition.
On dit que 80% de la population de ce village de 500 habitants connaît et pratique encore ce mode de communication, né d’une nécessité.
Ce langage particulier, développé à l’origine par les bergers, répondait au besoin des éleveurs de communiquer avec leur famille restée à la ferme, ou avec d’autres habitants du voisinage, depuis les hauts pâturages où ils devaient conduire leurs bêtes.
Au fil du temps, ce mode de communication fut emprunté par toute la communauté rurale habitant sur les flancs de ces montagnes, où le son pouvait plus facilement voyager, que l’homme, se déplacer.
On annonçait ainsi la tenue d’un mariage ou de funérailles, on appelait de l’aide pour les travaux des champs ou autre corvée, on invitait quelqu’un à boire le thé ou à venir dîner. On utilisait ce mode de communication rapide pouvant avoir une portée sur plusieurs kilomètres, pour tout sujet qui n’était pas d’ordre privé. En temps de guerre, on dit que ce langage aurait même servi de code de communication secret pour se protéger contre l’ennemi.
Aujourd’hui, à Kusköy, dont le nom signifie par ailleurs « langue des oiseaux », cette tradition est toujours vivante et en évolution, puisque chaque son sifflé correspond à une syllabe, d’où la possibilité d’intégrer de nouveaux mots au répertoire. Avec l’arrivée de la téléphonie cellulaire, des personnes en autorité dans le secteur de l’éducation turque ont voulu agir pour conserver ce patrimoine immatériel, en inscrivant au programme académique des écoles régionales, des cours obligatoires de langage sifflé pour les enfants.
Depuis une vingtaine d’années, Kuskoÿ est l’hôte d’un festival de langage sifflé très populaire dans la région où, il y aurait encore, dit-on, environ 10,000 personnes connaissant les rudiments de ce langage original.
En 2017, le gouvernement turc a par ailleurs réussi à faire inscrire la «langue des oiseaux» sur la liste du patrimoine immatériel de l’UNESCO, à l’instar notamment des autorités de l’île La Gomera, située dans l’archipel des Îles Canaries en Espagne, où une partie de la population vivant en montagne sait encore communiquer de cette façon.